En passant par là...

Le crépuscule étirait les derniers feux du jour, mais déjà le sentier se dérobait aux yeux. À cette heure, le voyageur sans torche ni lanterne cherche abri en fourré et prie pour que nul brigand ne le surprenne en ronflements. Sieur_Phaco de Chevelu affirmait depuis fort longtemps que gnôle était nécessaire à traverser la nuit sans embûches. Non seulement elle donnait coeur au ventre et bon enthousiasme à fouetter cheval au cul assez prestement pour l’empêcher de renâcler, mais elle permettait à l’homme de trouver son chemin. Le baron s’était souvent perdu en route, mais jamais, au grand jamais, lorsque dive bouteille faisait son office en son âme. Certains en taverne parlaient de légende quand il réclamait forte gnôle pour pouvoir retrouver chemin de son huis ; et il est vrai que le baron-cochon n’était pas à un stratagème prêt pour obtenir dernière bouteille avant la fermeture.

De fait, sans même trop se préoccuper du chemin, il arriva en large champ, à mi-pente, et devina lueur entre les planches disjointes du pont-levis de la forteresse de l'OSG. Odeur d’olives, de pain et de tomate emplissait l’air. Son destrier prit une bonne éperonnade au flanc pour l'inciter à ne point ralentir et à joindre au plus vite cette belle aubaine qui se détachait de la nuit.

Il n’était pas descendu de cheval que le garde de faction se présenta au créneau en tenant haut flambeau.

- Hola, l'ami du château, il est hors de question que je retournois me flétrir plus avant le cuir des fesses. Je n'ai quitté selle de la journée. Cette petite promenade m'a laissé vide de rires et d’amitié. N'y a t'il donc point place pour un hérault de Savoie et son cheval, tous deux de bon appétit à la table de Saint Georges ?

Il sourit grandement.

Enfin la nuit, enfin le travail se calmait les membres de l'OSG partaient lentement se coucher. Dans son bureau Eddo étudiait un ouvrage terriblement ennuyeux sur la circonvolution et la contrecirconvolution militaire dans le cas de siège à trois armées en terrains inhospitaliers. La flamme de sa bougie dansait lentement dans son huile, elle créait des ombres qui amusaient bien plus le maréchal que les aventures d'un romain perdu en Gaule...

On toque à la porte, Entrez La voix est grave, l'ennui du livre l'ayant un peu asséchée.

- Maréchal, c'est qu'il y a invité au poste de Garde, un savoyard, un impérial, un noble,
- Tout ça à la fois? ils sont combien?

Non maréchal c'est une seule personne, le hérault impérial

Réflexion intense, sur qui était le hérault impérial, surement de Savoie, éclair de génie...Oh! j'arrive de suite.On éteint la bougie, on referme le livre, on remercie intérieurement le Baron de sa venue inopinée

On part vers le poste de garde, on salut le fantôme du garde il est où? Se demande Eddo, faudra que je cause au capitaine moi, On voit la haute stature du baron

Noble sire, Révérence Soyez le bienvenue ici, c'est un plaisir de vous voir en nos murs, entrez, entrez donc, comment cela se passe t'il avec votre ours? Besoin d'aide? Désirez vous à boire?

Eddo !!!! Maréchal ! Bigre... la bonne rencontre ! Encore debout à cette heure qui d'après la lueur à l'horizon cessera bientôt d'estre indue ?

Le baron-cochon se rajuste alors, mettant bien en évidence ses bâtons de Hérault Impérial.

Officiellement, je viens quérir un entretien avec le Grand Maître pour m'informer du sort de la baronnie d'Yenne. J'ai ouïe certaines rumeurs fort déplaisantes mais aucune information officielle. Je viens donc tirer ceste affaire au clair.

Il se relâche alors et va jusqu'à poser sa main gantée sur l'épaule du maréchal, d'un geste fort peu protocolaire mais démonstratif de l'estime qu'il porte à l'homme, plus qu'à la charge.

Et puis, je viens de traverser dures épreuves, qui m'auraient moi-mesme envoyées ad patres si ma saincte soeur Jeanine ne m'avait fait interner quelques temps en monastère Chartreux. Aussi me suis-je dit que retrouver quelques vieux amis et vider quelques godets en l'honneur de bons souvenirs ne pourraient que m'aider à remonter la pente. Car s'il est une chose que je n'ai point oublié, c'est bien la cache du trésor de l'OSG: derrière les épais murs, derrière les plaques d'armure, il est dans le coeur mesme de ses membres. Allons, il s'agit là de choses trop sérieuses pour estre discutées par dessus un rempart... allez-vous donc m'ouvrir à la fin ?

Eddo est ravi de voir le baron fidèle à lui même toujours aussi vivant et plein d'entrain, il est d'ailleurs bien étonné de savoir qu'il a eu problèmes de santé. Le bâton, bien joli soit dit en passant, Eddo se crispe un peu, mais reste tout sourire,

Noble ami, vous savez que vous êtes toujours le bienvenu ici. pour notre grand maître je ferai passer l'information il est très occupé en ce moment, mais je pourrai toujours vous aider dans votre tâche, quant aux souvenirs, ne vous inquiétez pas nous allons pouvoir discuter jusqu'à pas d'heure, allons venez suivez moi jusqu'à l'ambassade, l'on va vous préparer appartement, vin et nourriture pour que l'on discute au calme.

Eddo invite le baron à venir jusqu'aux quartiers de l'ambassade après avoir demandé à un page de préparer des appartements pour son invité.

Le Capitaine pestait comme à l'accoutumée en fin de journée... les rayons du soleil avaient du lui taper sur le cuir de moins en moins chevelu. Une fois de plus il en voulait à la terre entière. Et la terre entière était bien petite dans ces cas de figures-là.

Aujourd'hui était particulier. Les bras chargés de velins et de cartes, et il eût fallu une bonne demi-douzaine de bras supplémentaites, voire même de ces tentacules des animaux aquatiques gluants et bavant... mais si succulents lorsqu'ils étaient frits dans le saindoux, le suif ou l'huile d'olives avec des épices qui vous arrachaient les molaires dès la première bouchée.

"A Parte" ludique et récréative lorsque le Capitaine se souvient de quelques rares moments de franches rigolades.

Le fait que Malbec, soit supportait les aggressions des piments et autres condiments que l'on disaient piquer trois fois, soit ces dents lui avaient été confectionnées par un guérisseur expert.

Certaines dames de vertues au grand jamais égalées, dans l'assistance de ces longues soirées hivernales, taverneuses et arrosées, lui avait posé la question sur ces piments qui piquaient trois fois.

Capitaine, vous nous sorter-là gaudrioles avec vos histoires "sottes et grenues" !

Hein ? Que nenni ! avait-il répondu en martelant la cuisse de la malheureuse... ou de la malheureuse cuisse peut-être... Bien que ! La tendreté d'une cuisse ne l'avait jamis rendu malheureuse !

Ces merveilles de la nature, contiennent un pouvoir que vous ne pouvez imaginer ! Et à chaque fois, c'était la même chose : une ou plusieurs jeunes dévergondées, un peu de dive bouteille par dessus, ou dessous et le capitaine plissaient les yeux, baissait la voix et les oreilles se tendaient....

Ses merveilles donc, réveilleraient les plus anciennes de vos ancêtres, Ma Mie, même celles qui courraient dans les vergers pour ne point que des marauds sans le sous ne les courtisent sous ou contre l'olivier ! Elles sont si fortes que vos bouches, habituées à mets délicats en seraient brulées à vie. (Désolé, je n'ai pas pu m'empêcher)

Des gloussements approbateurs venaient troubler le calme de la taverne du Chien qui Fume. Les fumelles, en confiance, se rapprochaient ostensiblement de Malbec, dont les effluves alcooliques et libidineuses se mêlaient à loisir à celles des onguents gras et épaix que revêtaient ces succubes.

Pour la deuxième brûlure, elle est plus subtile, si je peux dire et bien plus longue à supporter aussi. Mais elle est fourbe, car n'intervient que le lendemain. Ces vos entrailles qui en souffrent dans les plus reculées de votre être.

Là ce furent des cris, presque d'horreur, feinte bien sûr, que l'assistance déclamat. Elles redevinrent plus calmes et à nouveau elles se rapprochaient de Malbec.

Quant à la troisième brûlure, c'est la pire de toute ! Le silence montant, Malbec ne put s'empêcher de rire aux éclats en confessant de façon tonitruante :

La troisième fois qu'elles brûlent, c'est lorsque vous en avez souvenance !

Fin de l'"A Parte".

Malbec, malgré ses mécontements ne pu qu'esquisser un sourire. Il avait entre les dents un courrier cacheté écrit en langue hispanique ou ottomane, car les deux pouvaient se confondre parfois...

* Mais c'est pas Aristote possible que je ne m'en sois pas rendu compte plus tôt ! *

Marchant vite dans les couloirs interminables du château, Malbec tomba nez à nez avec le Baron-Cochon et le Maréchal. Aussitôt, une saveur anisée lui parcouru l'échine... L'ombre d'un souvenir sans doute venait de perturber le capitaine.