*** Box d'ANARKIA ***

Shera entra dans les écuries, suivie de sa monture Anarkia. Elle lui chercha un box et choisit celui qui était face à l'ouverture des écuries. Son cheval, tout comme elle, avait besoin d'air !



Elle prit soin de lui retirer tout ce qui lui pesait et le laissa vaquer dans les écuries pendant qu'elle vérifiait la propreté du box. Elle étala la paille sur le sol, veillant à rendre plus volumineux les recoins où son cheval aimait s'étendre. Elle veilla également à lui donner de quoi boire et manger, et mit un certain temps à trouver de l'eau.

Anarkia semblait s'être calmé. Il visitait les lieux, gardant un oeil sur la bohémienne qui s'affairait pour lui. Elle le siffla quand tout fut prêt. Il était temps qu'elle s'occupe de lui. Elle trouva le matériel nécessaire et la brossa longuement, faisant tomber toute la saleté accumulée ... L'étrille finie, elle le frotta sur tout le corps avec de la paille, et le cheval hennit de contentement. La complicité revenait petit à petit.
Un coup de brosse plus souple, une chanson fredonnée aux oreilles de l'animal ... il fallait qu'il comprenne qu'elle était de retour et qu'elle ne l'avait point abandonné. Le cure-pied ... inévitable ... et pas évident avec un cheval qui ne se laisse pas faire. A deux reprises, Shera pensa qu'elle allait tomber dans le seau d'eau s'il continuait son numéro d'équilibriste ... agité !
Elle finit par arracher et tremper un bout de ses jupons, pour nettoyer les yeux et le museau d'Anarkia. Ce n'est qu'après avoir fait tout ça, qu'elle lui offrit une carotte et quelques caresses. Ah ! ce cheval ... c'était un peu son meilleur ami ... même s'il était rancunier et caractériel .

Elle allait devoir le laisser et aller voir le capitaine. Il lui fallait reprendre son uniforme et sa place. Elle déposa un baiser sur le chanfrein de son beau cheval ; elle savait qu'Anarkia ne laisserait personne entrer dans son box, donc pas de mise en garde particulière.
Elle sortit, et laissa tout de même un parchemin sur la porte en bois du box :

Citation :

CHEVAL DANGEREUX
NE PAS TENTER DE RENTRER, IL N'EST NI UN PASSE TEMPS, NI UN DEFI A SURMONTER
JUSTE UN ANIMAL LIBRE ET BIEN SOIGNE

Cela devrait suffir à éloigner les imprudents ...

Toujours sous le coup de la colère et des mauvaises blessures réveillées par l'altercation avec le capitaine Malbec et l'écuyer Vistri, Shera entra avec perte et fracas dans le Box d'Anarkia qui heureusement pour lui l'avait senti approcher et se n'énerva pas de cette réaction.

Elle enserra l'animal, cherchant quelque réconfort dans ce geste. Le cheval releva doucement les oreilles, comme à l'écoute de sa peine et laissa la bohémienne caresser sa crinière. Son calme l'apaisa et elle se mit en devoir de nettoyer le box et de panser son fidèle ami.

Quand tout fut propre, elle hésita à arnacher Anarkia et à partir en promenade, mais elle n'avait pas envie de faire face aux Autres ... ceux là même qui la blessaient un peu trop souvent en ce moment ! Alors elle s'assit dans la paille, et la présence d'Anarkia aidant, elle se mit à fredonner des chants Gitans ... oublier, s'évader, se libérer de ce douloureux passé ...

Shantti était occupée à vérifier le travail des pages écuyers. Son cheval frison était , à lui tout seul, suffisant pour vérifier que les gamins assuraient bien leur devoir. Ses longs crins noirs nécessitaient des soins précis, ses sabots fragiles devaient être entretenus et parés régulièrement, et son poil brillant avait besoin d'une litière sèche et épaisse.
Elle était plutot satisfaite du résultat. L'étalon piaffait d'impatience. Sa crinière était étroitement tressée et sa queue avait été soigneusement brossée.
Le commandeur songeait avec envie à une bonne cavalcade dans les bois, loin du chapitre, des tracas quotidiens quand elle entendit de vieux chants gitans... Un flot de souvenirs l'envahie soudain. Souvenirs joyeux de danses, de chants, de veillées autour de grands feux, de son de tambourin...Des sourires édentés, des enfants en haillons qui courraient librement... oui, un jour, elle avait été cela.... Secouant la tête, elle chassa ces pensées nostalgiques. Ca faisait si longtemps...
Elle chercha l'origine de ces chansons, si peu connues, se doutant bien du nom de la chanteuse.Une seule personne pouvait, ici, chanter ce genre de chanson.
Le box d'Anorkia était ouvert. Elle s'approcha de la porte pour découvrir Shera, assise dans le foin, les joues rouges et les vêtements en bataille.
Elle repoussa doucement le cheval qui entendait lui bloquer le passage et s'approcha de l'écuyère. Elle s'accroupit pour être au même niveau.

- Shera ? Que passa ?
... heu... Ecuyère Shera, je vous pensais à l'entrainement des piquiers. Que se passe-t-il ?

Shera chantait toujours les souffrances de son peuple et leur caractère de feu, quand une personne s'approcha ... Anarkia, par réflexe, chercha à s'interposer et Shera glissa sa main à la dague. Bientôt, elle reconnut le visage de Shantti et laissa de côté tout mécanisme de défense.

Citation :

- Shera ? Que passa ?

Shera baissa la tête ... la colère était passée, la tristesse avait refait surface et il s'en fallut de peu qu'elle lui raconte ce qui s'était passé. Mais, les mots de l'écuyer Vistri résonnaient encore à ses oreilles. Il avait dit qu'elle était plaintive, pour une fois qu'elle osait dire quelque chose. Elle avait compris la leçon : d'accord ou pas, garder les choses pour soi, et se rendre utile au combat et uniquement à ça.

Citation :

... heu... Ecuyère Shera, je vous pensais à l'entrainement des piquiers. Que se passe-t-il ?

Elle se releva donc, frottant quelques peu son horrible tenue salie, et fit un salut réglementaire au commandeur. Haussant les épaules, elle caressa le flanc d'Anarkia et répondit doucement :
Rien Commandeur ; il ne se passe rien. J'ai travaillé toute cette semaine au poste de garde, et je venais chercher un peu de réc..., un peu de calme auprès de mon Cheval. Nous sommes rarement séparés alors voilà. Juste un peu de fatigue ... mais n'ayez crainte, je vais bientôt rejoindre l'entraînement ; après tout, je suis là pour ça !

Shantti dévisagea Shera d'un air songeur. Elle ne lui disait pas la totale vérité, c'était évident, mais elle ne lui mentait pas non plus. Elle avait juste dû éluder certains détails. Par contre, l'emploi de son titre alors qu'elles n'étaient que toutes les 2 et la façon qu'elle avait de recentrer son discour sur son travail ne lui disait rien qui vaille.
Elle s'approcha également de la bête rétive, lui flattant l'encolure. Elle se souvenait des chevaux larges et lourds qui tiraient les roulottes barriolées de son enfance, et des petits chevaux gris , rapides et trapus sur lesquels elle avait appris à monter dans une région marécageuse et pleine de moustiques. Le cheval de Shera n'était d'aucune de ces 2 races.

- Voilà une bien belle bête écuyère, d'origine hibere, si je ne m'abuse. Les chevaux sont des amis fidèles, quand on sait leur faire entièrement confiance Shera. Ils donnent, sans attendre en retour. Finalement, nous devrions tous apprendre à faire confiance. Nous confions nos vies à nos montures, et à nos compagnons d'arme, peut importe le grade ou l'origine ...
Shera, il...

Mais elle s'interrompit brusquement. Après tout, si l'écuyère voulait garder ses secrets, c'était son droit le plus strict. Depuis qu'elle était commandeur, Shantti souffrait de l'isolement que le poste et les responsabilités la forçait à avoir. Elle comprenait d'autant mieux la situation de Shera. Elle aussi avait été une simple bohémienne, perdue dans un appareil chevalresque, seulement elle, à ce moment là, elle n'était pas seule. Elle se reprit :

- Shera , vous ètes épuisée, et là, c'est la guérisseuse qui vous parle. Je vous ordonne de vous reposer quelques heures. Allez piller la cuisine de Dame Gironde, avec ma bénédiction et vous reprendrez l'entrainement seulement quand je vous jugerai apte. Je n'ai pas envie de soigner des blessés qui peuvent être évités. Parfois, la fatigue donne de l'importance à des choses insignifiantes. Je ne sais pas ce qui vous a si fortement contrariée,mais n'oubliez pas que nous sommes ici pour un but précis, et que, même s'il est parfois difficile de garder ce but en vue, ça doit rester notre principale préoccupation.

Elle carressa une dernière fois l'encolure massive du cheval, et s'apprêta à quitter le box. Visiblement, Shera voulait être seule.

Shantti était si douce et si gentille ... elle avait ce physique qui lui rappelait les gens de son clan, ceux qui l'avaient toujours cachée et protégée ; elle était un peu l'incarnation d'un ange sortit du passé et des songes qui discrètement l'aidait et la soutenait. Comme par magie, elle apparaissait quand elle n'allait pas bien.

Citation :

- Voilà une bien belle bête écuyère, d'origine hibere, si je ne m'abuse. Les chevaux sont des amis fidèles, quand on sait leur faire entièrement confiance Shera. Ils donnent, sans attendre en retour. Finalement, nous devrions tous apprendre à faire confiance. Nous confions nos vies à nos montures, et à nos compagnons d'arme, peut importe le grade ou l'origine ...
Shera, il...

- Oui chez nous on dit qu'ils sont les meilleurs amis ... ils nous sauvent, ils nous offrent le vent et la vitesse, et n'ont jamais un mot blessant. Oui faire confiance ... le problème c'est que ça se retourne toujours contre nous ; on fait confiance et un jour on est déçu, parce qu'il est dans la nature des Hommes de faire mal. Voilà pourquoi les animaux existent ; certainement pour nous sauver d'une inhumanité qui nous rendrait tous fous !
Elle haussa les épaules :
C'est comme ça, il faut apprendre à l'accepter ! Et je suis une piètre apprentie je crois ...

Shera regarda la jolie guérisseuse, qui non seulement soignait les corps mais les âmes aussi. Elle se demandait comment elle avait pu arriver là, et puis devenir aussi discrète aussi sage ... était ce son tempérament ? ou bien était ce une attitude qu'elle se donnait pour cadrer avec les exigences de l'Ordre ...
Elle était tentée de lui parler, mais elle avait conscience que son mal être actuel n'était qu'un vaste ensemble d'événements qui tenaient plus à sa vie hors des murs du Château qu'à l'intérieur, et que ce qui s'était passé venait juste s'y greffer ...
Et puis, ce qui venait de se passer avec l'écuyer Vistri, montrait bien qu'ici pour réussir il ne fallait montrer aucune faille. Alors si elle se mettait à confier ses doutes et ses craintes, révéler ses cicatrices passées, elle perdait toutes ses chances d'occuper une place d'importance entre ses murs.
Prendre sur elle, ne pas montrer ses faiblesses au grand jour, voilà certainement ce qui faisait partie intégrante de l'entraînement.

Citation :

- Shera , vous ètes épuisée, et là, c'est la guérisseuse qui vous parle. Je vous ordonne de vous reposer quelques heures. Allez piller la cuisine de Dame Gironde, avec ma bénédiction et vous reprendrez l'entrainement seulement quand je vous jugerai apte. Je n'ai pas envie de soigner des blessés qui peuvent être évités. Parfois, la fatigue donne de l'importance à des choses insignifiantes. Je ne sais pas ce qui vous a si fortement contrariée,mais n'oubliez pas que nous sommes ici pour un but précis, et que, même s'il est parfois difficile de garder ce but en vue, ça doit rester notre principale préoccupation.

Shera sourit doucement ... oui la fatigue, le repos ... ils avaient bon dos.
Comme vous le dites si bien, nous sommes ici dans un but précis ... repousser et détruire les Ottomans. Voilà justement pourquoi je dois reprendre l'entrainement. Je ne suis ici que dans cet intérêt : tuer l'ennemi avant qu'il nous tue !
Je vais me changer et j'irai rejoindre la salle d'armes.

Suivant de près Shantti qui sortait du Box, c'est à voix basse qu'elle lui répondit :
... merci Shantti ... chez nous, ne dit-on pas "ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort" ... et je suis en vie ...
Un frisson la parcourut et ses yeux s'humidifièrent légèrement ... elle essaya de repousser tout ça ... refermant symboliquement le boxe d'anarkia, seul endroit où elle pouvait un peu être elle même ...

Shera la poussait gentillement dehors, le message était clair.
Shantti se retourna en soupirant. On ne pouvait pas aider les gens malgré eux. Mentalement, elle passa en revue l'inventaire de l'infirmerie. Lui restait il de l'arnica pour les bleus au corps ? Ceux là au moins, elle savait les soigner.

Sur le point de quitter le box, elle entendit :

... merci Shantti ... chez nous, ne dit-on pas 'ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort' ... et je suis en vie ...


Elle se retourna sur le seuil, bloquant la porte avec son bras.

- Effectivement, on dit ça... mais on dit tellement de bétises parfois.
On dit aussi "malheur au solitaire, car s'il chute personne ne le relèvera. ".
Nous sommes des guerrières Shera, vous, comme moi mais pas n'importe quelles bagarreuses. Nous nous devons d'être fortes. Nous aspirons à un idéal, et cet idéal passe par la confiance dans nos frères et soeurs d'arme. Bien sûr, ils sont faillibles, humains et parfois exaspérants. Comme dans toutes les familles, on en aime certains on en désteste d'autres, mais nous formons un tout Shera, tout comme nos tribus forment un tout. Il faut parfois savoir baisser les armes, pour s'enrichir. J'espère que vous comprendrez ça un jour.

Elle en avait trop dit, comme d'habitude. Après tout, qui était elle pour donner des leçons de morale. Elle fit la grimace. Elle avait l'impression d'entendre le curé Xolotl à Forcalquier. Combien de temps lui avait il fallu pour arriver à canaliser sa fierté ? Et ses colères légendaires à l'OSG ou ailleurs étaient bien le signe qu'elle n'était pas encore au point. Enfin, elle avait assez importuné l'écuyère. Elle la sentait proche de craquer,et elle ne tenait pas à a mettre dans la gène. Elle se tourna et referma doucement la porte du box derrière elle.

Citation :

- Effectivement, on dit ça... mais on dit tellement de bétises parfois.
On dit aussi "malheur au solitaire, car s'il chute personne ne le relèvera. ".
Nous sommes des guerrières Shera, vous, comme moi mais pas n'importe quelles bagarreuses. Nous nous devons d'être fortes. Nous aspirons à un idéal, et cet idéal passe par la confiance dans nos frères et soeurs d'arme. Bien sûr, ils sont faillibles, humains et parfois exaspérants. Comme dans toutes les familles, on en aime certains on en désteste d'autres, mais nous formons un tout Shera, tout comme nos tribus forment un tout. Il faut parfois savoir baisser les armes, pour s'enrichir. J'espère que vous comprendrez ça un jour.

Shera déglutit difficilement à la citation de Shantti. La solitaire ... oui justement, d'où l'intérêt d'éviter les coups pour éviter de tomber.
Elle apprécia l'image de la famille, cela évoquant de vieux souvenirs en elle, mais comment lui expliquer que ce qui venait de se passer dans le bureau du Capitaine était justement tout l'inverse.
Dans sa vision des choses, elle avait pris la défense d'un compagnon d'arme ... et cela lui était revenu en pleine face par ce même compagnon. Elle s'était exprimée, elle avait baissé ses gardes, et le coup reçu fut assez violent pour la déstabiliser et la mettre en rage.
Alors non justement ... un ordre de Chevalerie ne serait jamais une famille ! Parce que la seule chose qu'on pouvait y apprendre était de résister et de tuer ...
Ce n'était surtout pas ici qu'elle apprendrait la confiance, et les faits le montraient.

Toutefois elle appréciait le bon fond de Shantti et le fait qu'elle ai essayé de la réconforter ... mais Shera n'aurait jamais d'oeillères. Elle savait ce qu'elle avait vu. Faire confiance à Shantti était une chose bien différente que de se sentir ici en famille. C'était certainement le tempérament Rom qui la séduisait en Shantti ... il fallait se rendre à l'évidence, les valeurs de leur enfance ne pouvaient pas s'exprimer dans un Ordre de chevalerie.

Quand notre peuple a baissé les armes, il s'est fait capturer et envoyer aux galères, Shantti.
Je sais qu'il faut savoir faire confiance, mais je sais surtout que cela doit rester très rare ... d'où le fait que ce soit si précieux.
Et puis à force de prendre des coups en baissant sa garde, on apprend à la garder haute. Ce qui m'arrive est ma faute, j'ai voulu la baisser, le coup est venu de nul part ... comme toujours ...

En tout cas, merci pour votre soutien ... mais rien d'étonnant puisque vous êtes bohémienne .

Elle vérifia que le boxe était bien refermé, et repartit vers la salle d'entraînement, contente d'avoir une personne compatissante dans l'OSG. Mais déjà, il lui fallait remettre son armure ; à son tour de donner des coups ...